Le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux ou DSM
Le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (également désigné par le sigle DSM, abréviation de l’anglais pour Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders), est un ouvrage de référence publié par la Société américaine de psychiatrie (APA) classifiant et catégorisant des critères diagnostiques et des recherches statistiques de troubles mentaux spécifiques.
(Définition d’après https://fr.wikipedia.org/wiki/Manuel_diagnostique_et_statistique_des_troubles_mentaux – en date du 21 août 2015)
Les troubles bipolaires
Les troubles bipolaires, anciennement appelés « psychose maniaco-dépressive », entrainent des dérèglements de l’humeur se manifestant par des phases tant de dépression que d’excitation (manie, high, hypomanie). Ces changements d’humeurs se manifestent soit en réaction à un déclencheur ou même parfois sans raison apparente. Ils peuvent être d’intensité variable et s’entrecouper de périodes de stabilité. C’est une condition médicale qui est caractérisée par des changements dans le fonctionnement du cerveau.
Il arrive à tout le monde de vivre des périodes de bonheur, de tristesse, d’excitation et d’être confronté à certaines difficultés. Cependant, dans le cas des troubles bipolaires, ces périodes sont hors de proportion et atteignent une intensité telle que la personne peut ne pas réaliser qu’elle dépasse les bornes, ou encore, la personne souffre tellement de sa dépression qu’elle n’a plus aucun intérêt, se sent si triste qu’elle a l’impression d’être paralysée, et peut avoir des idées suicidaires. Cet état d’instabilité amène des problèmes au travail, à l’école, financiers, voire judicaires et ont un impact sur les relations avec parents et amis. C’est un trouble qui, dans sa forme la plus typique, comporte deux phases : la phase hypo/maniaque et la phase dépressive. Entre les deux pôles, la personne qui souffre de trouble bipolaire retrouve un état stable que l’on appelle euthymie ou normothymie.
Les différents types de troubles bipolaires
Le trouble bipolaire de type I
Présence ou histoire d’au moins un épisode de manie. Ce dernier est suffisamment sévère pour causer une détérioration sévère voire extrême dans la vie sociale et occupationnelle de cette personne. L’épisode de manie peut être précédé ou suivi d’un ou de plusieurs épisodes dépressifs.
Le trouble bipolaire de type II
Présence ou histoire d’un ou de plusieurs épisodes dépressifs et au moins un épisode d’hypomanie. Il n’y a jamais eu d’épisode maniaque.
La cyclothymie (ou le trouble cyclothymique)
Présence de nombreuses périodes avec des symptômes hypomaniaques ou des symptômes dépressifs au cours des 2 dernières années. Ces fluctuations allant d’une polarité à l’autre, ne rencontrent ni les critères pour un épisode hypo/maniaque, ni les critères d’une dépression majeure. Pendant ces 2 années, ces fluctuations sont présentes au moins la moitié du temps et aucune période de 2 mois consécutifs sans symptômes ne s’est présentée.
Le trouble bipolaire de type I ou II avec cycles rapides
Présence d’au moins quatre épisodes qui peuvent être de dépression majeure ou de hypo/manie sur une période d’un an. Ce type de trouble bipolaire est particulièrement fréquent chez les adolescents. Les femmes sont également plus souvent atteintes de cycles rapides que les hommes.
Les différents critères et symptômes définissant les épisodes
Les critères définissant un épisode d’hypomanie selon le DSM-5
Critère A.
Une période nettement délimitée durant laquelle l’humeur est élevée de façon anormale et persistante (euphorie, enthousiasme ou irritabilité) et durant laquelle l’énergie ou l’activité est élevée de façon anormale et persistante pendant au moins 4 journées consécutives et cela doit être présent la plupart du temps durant la journée et presqu’à tous les jours.
Critère B.
Au cours de cette période de perturbation de l’humeur et d’augmentation de l’énergie ou de l’activité, au moins 3 des symptômes suivants (4 si l’humeur est seulement irritable) sont persistants et représentent un changement notable par rapport au comportement habituel et sont présents avec une intensité suffisante :
- Symptôme 1. Augmentation de l’estime de soi ou idées de grandeur.
- Symptôme 2. Réduction du besoin de sommeil (p. ex., le sujet se sent reposé après seulement quelques heures de sommeil).
- Symptôme 3. Plus grande communicabilité que d’habitude ou désir de parler constamment.
- Symptôme 4. Fuite des idées ou sensations subjectives que les idées défilent.
- Symptôme 5. Distractibilité (p. ex., l’attention est trop facilement attirée par des stimuli extérieurs sans importance significative).
- Symptôme 6. Augmentation de l’activité orientée vers un but (social, professionnel, scolaire ou sexuel) ou agitation psychomotrice.
- Symptôme 7. Engagement excessif dans des activités agréables mais à potentiel élevé de conséquences dommageables (p.ex., la personne se lance sans retenue dans des achats inconsidérés, des conduites sexuelles inconséquentes ou des investissements commerciaux déraisonnables).
Critère C. L’épisode s’accompagne de modifications indiscutables du fonctionnement, qui diffère de celui du sujet hors période symptomatique.
Critère D. La perturbation de l’humeur et la modification du fonctionnement sont manifestes pour les autres.
Critère E. La sévérité de l’épisode n’est pas suffisante pour entraîner une altération marquée du fonctionnement professionnel ou social, ou pour nécessiter l’hospitalisation, et il n’existe pas de caractéristiques psychotiques.
Critère F. Les symptômes ne sont pas dus aux effets physiologiques directs d’une substance (p. ex. substance donnant lieu à abus, médicament ou autre traitement) ou d’une affection médicale générale (p.ex., hyperthyroïdies).
Traduction libre du DSM-5 Manuel diagnostique et statistique des troubles Mentaux (5ème édition), (2013).
Les critères définissant un épisode de manie selon le DSM-5
Critère A. Une période nettement délimitée durant laquelle l’humeur est élevée de façon anormale et persistante (euphorie, enthousiasme ou irritabilité) et durant laquelle l’énergie ou l’activité orientée vers un but est élevée de façon anormale et persistante pendant au moins une semaine (ou toute autre durée si une hospitalisation est nécessaire).
Critère B. Au cours de cette période de perturbation de l’humeur et d’augmentation de l’énergie ou de l’activité, au moins 3 des symptômes suivants (4 si l’humeur est seulement irritable) sont présents avec une intensité significative et représente un changement notable comparativement au comportement habituel :
- Symptôme 1. Augmentation de l’estime de soi ou idées de grandeur.
- Symptôme 2. Réduction du besoin de sommeil (p. ex., le sujet se sent reposé après seulement trois heures de sommeil).
- Symptôme 3. Plus grande communicabilité que d’habitude ou désir de parler constamment.
- Symptôme 4. Fuite des idées ou sensations subjectives que les idées défilent.
- Symptôme 5. Distractibilité (p. ex., l’attention est trop facilement attirée par des stimuli extérieurs sans importance significative). •
- Symptôme 6. Augmentation de l’activité orientée vers un but (social, professionnel, scolaire ou
sexuel) ou agitation psychomotrice. - Symptôme 7. Engagement excessif dans des activités agréables mais à potentiel élevé de conséquences dommageables (p.ex., la personne se lance sans retenu dans des achats inconsidérés, des conduites sexuelles inconséquentes ou des investissements commerciaux déraisonnables).
Critère C. La perturbation de l’humeur est suffisamment sévère pour entraîner une altération marquée du fonctionnement professionnel, des activités sociales ou des relations interpersonnelles, ou pour nécessiter l’hospitalisation afin de prévenir des conséquences dommageables pour le sujet ou pour autrui, ou bien il existe des caractéristiques psychotiques.
Critère D. Les symptômes ne sont pas dus aux effets physiologiques directs d’une substance (p. ex. substance donnant lieu à abus, médicament ou autre traitement) ou d’une affection médicale générale (p.ex., hyperthyroïdies).
Traduction libre du DSM-5 Manuel diagnostique et statistique des troubles Mentaux (5ème édition), (2013).
Les critères définissant un épisode de dépression majeure selon le DSM-5
Critère A. Au moins cinq des symptômes suivants doivent être présents pour une durée d’au moins deux semaines et représenter un changement par rapport au fonctionnement antérieur. Au moins un de ces symptômes est soit (1) une humeur dépressive, soit (2) une perte d’intérêt ou de plaisir.
- Symptôme 1. Humeur dépressive présente pratiquement toute la journée, presque tous les jours, signalée par le sujet (p. ex., se sent triste ou vide) ou observée par les autres (p. ex., pleure). N.B. : Éventuellement irritabilité chez l’enfant et l’adolescent.
- Symptôme 2. Diminution marquée de l’intérêt ou du plaisir pour toutes ou presque toutes les activités pratiquement toute la journée, presque tous les jours (signalée par le sujet ou observée par les autres).
- Symptôme 3. Perte ou gain de poids significatif en l’absence de régime (p.ex., modification du poids corporel en un mois excédent 5%), ou diminution ou augmentation de l’appétit presque tous les jours. N.B. : Chez l’enfant, prendre en compte l’absence de l’augmentation de poids attendue.
- Symptôme 4. Insomnie ou hypersomnie presque tous les jours.
- Symptôme 5. Agitation ou ralentissement psychomoteur presque tous les jours (constaté par les autres, non limité à un sentiment subjectif de fébrilité ou de ralentissement intérieur).
- Symptôme 6. Fatigue ou perte d’énergie presque tous les jours.
- Symptôme 7. Sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou inappropriée (qui peut être délirante) presque tous les jours (pas seulement se faire des reproches ou se sentir coupable d’être malade).
- Symptôme 8. Diminution de l’aptitude à penser ou à se concentrer ou indécision presque tous les jours (signalée par le sujet ou observée par les autres).
- Symptôme 9. Pensées de mort récurrentes (pas seulement une peur de mourir), idées suicidaires récurrentes sans plan précis ou plan précis pour se suicider ou tentative de suicide.
Critère B. Les symptômes induisent une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants.
Critère C. Les symptômes ne sont pas imputables aux effets physiologiques directs d’une substance (p.ex., une substance donnant lieu à abus, un médicament) ou d’une affection médicale générale (p.ex., hypothyroïdie).
Traduction libre du DSM-5 Manuel diagnostique et statistique des troubles Mentaux (5ème édition), (2013).
Les symptômes de dépression atypique
Les symptômes de dépression atypique sont fréquents dans la dépression associée à la bipolarité. Ils se définissent comme suit :
- Perte d’intérêt ou de plaisir par rapport à ses activités favorites
- Difficulté à ressentir des émotions positives
- Labilité émotionnelle (variation émotionnelle à l’intérieur d’une même journée)
- Trop de sommeil
- Siestes durant la journée
- Prise de poids
- Rage de sucres
- Grande fatigabilité ou ralentissement psychomoteur/diminution de l’intensité et la rapidité verbale, mentale, de la gestuelle et/ou de l’expression faciale
- Sentiment de lourdeur (physique)
- Sentiment d’inutilité
- Sentiment de culpabilité excessif ou inapproprié
Les épisodes avec caractéristiques mixtes
Il existe plusieurs façons de définir un épisode avec des caractéristiques mixtes, dont la première d’entre-elle est le résultat d’un aller-retour rapide entre les symptômes de dépression et ceux de l’hypomanie/manie. Cette forme d’état mixte est particulièrement fréquente parmi les jeunes patients, surtout chez les adolescents où ces changements d’humeur peuvent se produire à plusieurs reprises dans une même journée. C’est comme des montagnes russes, avec des côtés vraiment escarpés que tu montes et descends sans pouvoir en contrôler la vitesse. Quelques fois, ces symptômes peuvent même survenir en même temps. Cliniquement, cela va se traduire en un mélange des symptômes de tristesse et d’hypomanie/manie. Par exemple, tu peux te sentir triste, découragé, n’avoir pas le goût d’aller à tes
cours, penser que la vie n’en vaut pas la peine, mais simultanément, te sentir irritable, avoir les idées très rapides, parler vite et sèchement aux autres, avoir une libido augmentée, etc.
Les symptômes psychotiques
Pendant un épisode de manie ou de dépression sévère, la détérioration du fonctionnement peut progresser vers des symptômes psychotiques tels que les idées délirantes ou paranoïdes et les hallucinations. Les hallucinations retrouvées dans la bipolarité sont surtout de nature auditive et visuelle, et elles se définissent par la perception de quelque chose qui n’existe pas, comme entendre des voix ou voir des choses qui ne sont pas réelles. Dans la manie, les pensées ne sont plus seulement rapides et désorganisées, mais elles peuvent représenter une déformation de la réalité.
Cette déformation peut prendre la forme d’une pensée délirante ou d’idées paranoïdes, comme croire que tu doives accomplir quelque chose de grandiose, ou bien avoir l’impression que tu es surveillé, que des gens te suivent parce que tes capacités représentent une menace pour les autres par exemple, etc…
Les diagnostics différentiels
Voici une liste de définitions pour des diagnostics qui peuvent « ressembler » aux troubles bipolaires.
Le trouble de dépression majeure unipolaire
Le trouble de dépression majeure unipolaire se caractérise par la présence de plus d’un épisode de dépression majeure. Il n’y a pas eu par le passé d’épisode de manie ou hypomanie.
Le trouble de dépression persistant (auparavant appelé la dysthymie)
Ce trouble se caractérise par la présence d’une humeur déprimée la majorité du temps, pendant la plupart des jours et au moins 2 des symptômes mentionnés pour un épisode de dépression majeure (sans remplir les critères d’un épisode de dépression majeure) pendant une durée d’au moins deux (2) ans. C’est un trouble qui est associé à l’unipolarité.
Le trouble schizo-affectif
Le trouble schizo-affectif associe un trouble de l’humeur avec un trouble psychotique. Le trouble schizo-affectif est donc différent d’un trouble de l’humeur par le fait que des symptômes de nature psychotique persistent un certain temps en l’absence des symptômes du trouble affectif. De la même façon que le trouble affectif peut être présent un certain temps en l’absence de symptômes psychotiques. Si les symptômes de psychose perdurent au moins deux semaines dans une période d’euthymie (stabilité), on pose le diagnostic de trouble schizo-affectif.à
Les troubles d’utilisation de substances
La prise de substance peut avoir comme conséquence de déclencher de nouveaux épisodes et ou encore d’en aggraver la sévérité. Aussi, la prise abusive de drogues peut engendrer une confusion entre les symptômes appartenant à la bipolarité avec ceux déclenchés par un état d’intoxication aux drogues. Par exemple, la prise abusive de cocaïne peut faire penser à un épisode de manie, car la personne qui en a consommé va moins dormir, sera agitée, accélérée, excitée, voire même devenir psychotique. Ce tableau clinique sera très similaire à celui rencontré dans la manie.
S’ils ne sont pas contrôlés, les abus de substances rendent l’évolution à long terme des troubles bipolaires moins favorable.
Les troubles anxieux
Les troubles anxieux font partis des troubles de santé mentale les plus présents dans la population et ils commencent généralement dès l’enfance. Les symptômes anxieux peuvent rendre plus difficile la détection du trouble bipolaire. De plus, jusqu’à 50 % des personnes avec un trouble bipolaire souffrent également d’au moins un trouble anxieux. Le trouble panique, le trouble d’anxiété généralisé et les phobies sociales semblent être les troubles anxieux les plus fréquemment présents dans le trouble bipolaire.
Le trouble de personnalité limite
Le trouble de la personnalité limite (TPL) est une condition caractérisée par une grande instabilité émotionnelle, une difficulté à définir son identité, de même qu’à supporter la solitude. Les individus aux prises avec ce trouble ont du mal à maîtriser leur impulsivité, se sentent habités par un grand vide et éprouvent beaucoup de difficultés à maintenir leurs relations interpersonnelles qui dérivent constamment vers des conflits.
L’impact de problèmes hormonaux
Des problèmes reliés au mauvais fonctionnement de la thyroïde ou du cycle du cortisol, peuvent ressembler aux symptômes associés à une dépression ou une hypo/manie.